Le Jardin naturel Pierre-Emmanuel : un espace écologique créé dans Paris.

Le Jardin naturel est une des premières réalisations de génie écologique. Mené au milieu des années 1990 par l’Office de génie écologique, il accueille aujourd’hui une biodiversité exceptionnelle pour la capitale : un trésor de nature caché au coeur de Paris.

L’idée est partie d’un premier jardin sauvage, le Jardin Saint-Vincent, créé par la ville de Paris sur le versant nord de la butte Montmartre en 1988. Un concours pour la réalisation d’un deuxième jardin est lancé quelques années plus tard, en 1993. La ville de Paris retient trois paysagistes : Agnès Bochet, Laurent Gérard et Virginie Formigé, associés à l’écologue Sylvestre Voisin (Office de génie écologique – O.G.E.).

L’intention de ce second projet du Service Paris Nature mené par Claude Frison était de constituer une mosaïque de milieux naturels en pleine ville, dans un terrain à l’origine très hétérogène. Les espèces et milieux à mettre en place devaient être représentatifs de l’Île-de-France. La composition des communautés végétales a été inspirée de celle des habitats naturels souhaités pour ce projet : pelouse sèche, prairie, friche, mare, sous-bois et végétation rupestre sur le mur de soutènement du cimetière du Père-Lachaise, situé juste au nord du jardin.

Un des premiers enjeux portait sur le sol : les acteurs espéraient obtenir une terre de découverte de carrière sur sol calcaire afin de créer un habitat naturel spécifique. Les marchés publics ont seulement permis d’avoir des terres calcaires issues de chantiers urbains… La granulométrie des pierres mise en place sous le sol a été soignée pour favoriser le drainage nécessaire à la pelouse sèche. Toutes les terres et roches proposées ont été analysées pour que leur teneur en phosphate et nitrate soit conforme aux exigences d’une pelouse sèche calcicole. Le chantier a connu d’autres déboires dont la découverte d’un sol pollué aux hydrocarbures lors du creusement de la mare…

Au cours de la réalisation, d’importants débats ont eu lieu avec le service encadrant les travaux, dont le personnel avait la culture des jardins maîtrisés et ne comprenait pas ce projet en désordre apparent, une conception très éloignée des pratiques des espaces verts de l’époque. L’approvisionnement en plantes locales a été supervisé par l’écologue qui a également sélectionné le port naturel des plants : des genévriers de pépinière, par exemple, peuvent avoir un aspect très différent de ceux que l’on trouve en nature.

Le jardin a été ouvert en 1997, avec une superficie de 6500 m2. Il est dédié à Pierre Emmanuel, poète et écrivain, membre de l’Académie française, mort en 1984 et enterré au Cimetière du Père-Lachaise. Le jardin se trouve au 120 rue de la Réunion, Paris 20ème. Au cours des premières années, les jardiniers qui avaient soigneusement été sélectionnés pour son entretien ont fait un remarquable travail de suivi et d’élimination des plantes de friches qui provenaient des terres apportées des chantiers urbains.

Après plus de 20 ans d’existence, on y retrouve toujours l’intention de départ : une mosaïque d’habitats naturels autour d’une mare et d’un bois avec une flore francilienne dont l’Œillet des chartreux, l’Epipactis à larges feuilles… Les milieux ont évolué et la pelouse sèche, la plus sensible, s’apparente davantage à une prairie friche plus ou moins clairsemée. On y voit des papillons liés aux espaces ouverts : l’Argus bleu, le Vulcain et aux pré-bois, le Tircis. La mare comporte toujours des herbiers aquatiques qui hébergent un peuplement de libellules (Anax empereur, Aeschne bleue, Leste vert…) et des amphibiens qui ont été apportés et s’y reproduisent : Crapaud commun, Grenouille rousse, Triton palmé, Triton ponctué et l’Alyte accoucheur, seule espèce qui a dû coloniser le site par elle-même.

Ce projet pionnier de génie écologique a fait des émules dans d’autres villes et à Paris où notamment une vingtaine de mares ont été créées sur un objectif d’une quarantaine de mares à la suite de cette première création. Pour les citadins, ce jardin a été le support de nombreuses animations qui ont permis de faire une introduction à la nature en Île-de-France.

Vincent Vignon
Directeur associé
Office de génie écologique

La pente aménagée en pelouse sèche qui a évolué vers de la prairie sèche. V. Vignon – 2014
Prairie sèche – Crédit O. Labbaye – 2018
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