ICEO : Restauration de la continuité écologique … ou restauration hydromorphologique ?

Un projet de restauration de la continuité écologique et de l’hydromorphologie a été concrétisé sur l’Auxance, au niveau du moulin de Salvert. Outre le seul rétablissement de la continuité écologique piscicole, un ambitieux projet de restauration des fonctionnalités écologiques a été entrepris tout en maintenant les usages (irrigation, alimentation du moulin) et en mettant en valeur le patrimoine du site. 

Le maître d’ouvrage est le Syndicat du Clain Aval. La conception du projet et la maîtrise d’œuvre ont été réalisées par ICEO. Les travaux ont été réalisés par EIFFAGE Route. L’étude s’est déroulée de décembre 2020 à juin 2021 et les travaux ont eu lieu d’août à octobre 2022.

Description du projet

Au niveau du seuil répartiteur du moulin de Salvert, l’Auxance (1ère catégorie piscicole) présentait une rupture de continuité écologique qui entravait la migration des espèces cibles (truite, cyprinidés d’eaux vives, anguilles) et à son amont, des habitats dégradés (habitats lentiques, surlargeurs, vitesses d’écoulement faibles) sur environ 700 mètres linéaires.

Après concertation, le projet retenu a eu pour objectifs de rétablir la continuité écologique par un bras de contournement, de restaurer des habitats aquatiques ou semi-aquatiques (annexe, source, prairie humide) tout en garantissant une alimentation en eau minimale du moulin (esthétique du site et utilisation ponctuelle de la roue à visée patrimoniale).

©️ ICEO _Figure 1 :Bras de contournement et annexe hydraulique au moment de la mise en eau à l’étiage

©️ SCA_Figure 1 : Bras de contournement et annexe au débit de plein bord 3 mois après la finalisation des travaux

Dans une ancienne peupleraie, qui sera transformée en prairie de fauche, un bras de contournement de 120 m permet dorénavant la migration de toutes les espèces cibles (Figure ci-dessus). Un important travail de restauration hydromorphologique a premièrement été mené sur le bras lui-même, pour restaurer des habitats et pour conserver de la mobilité au gré des crues (pas de techniques de stabilisation de berges pouvant créer des points durs hormis à l’entrée du bras, étendue granulométrique variée avec substrat alluvionnaire en tête de radier pour la reproduction, mise en place de blocs et de souches pour diversifier les habitats, variation des profils en long et en travers). Grâce à l’absence d’enjeux (usage futur en prairie de fauche, pas de risque inondation), le gabarit du bras a été choisi pour permettre des débordements fréquents (environ 40 jours par an), au bénéfice des milieux humides annexes. Par ailleurs, une annexe hydraulique se mettant en eau en période hivernale jusqu’en fin de printemps, a également été restaurée.  Celle-ci améliorera les fonctionnalités écologiques du milieu au bénéfice de nombreuses espèces et pas uniquement les poissons (amphibiens, insectes, flore…). 
A l’aval du bras, une petite source a été connectée et restaurée avec une recharge en granulats alluvionnaires favorables à la reproduction des salmonidés.

©️ ICEO _Figure 2 Confluence aval du bras de contournement

Enfin, après la confluence du bras, un radier a été restauré à l’aval (Figure 2). Outre la création d’habitats, ce radier permet de maintenir une accessibilité permanente du bras et d’ennoyer la partie aval du débouché du seuil répartiteur qui n’a pas été comblée pour pouvoir conserver un rôle d’annexe et évacuer les crues importantes.

©️ ICEO _Figure 3 : Arche en pierres de tailles à l’entrée du canal d’amenée avant restauration.

©️ ICEO_Figure 3 : Arche en pierres de tailles à l’entrée du canal d’amenée après restauration

Les travaux sur l’entrée du canal d’amenée (calage de la répartition hydraulique) ont également été l’occasion de mettre en valeur le patrimoine existant. Une arche en pierres de taille a été restaurée par une association et les travaux de végétation ont permis de la rendre davantage visible, au bénéfice du patrimoine et de son appropriation par les riverains (Figure 3).

Le dernier volet de la restauration hydromorphologique a concerné les habitats auparavant sous influence du seuil. Grâce à la nouvelle répartition hydraulique, le niveau amont a été abaissé d’une trentaine de centimètres, selon les situations hydrologiques. Cela a permis de restaurer 4 zones de radiers et de recréer des habitats courants dans des zones qui en étaient auparavant dépourvus, tout en permettant aux maraîchers de l’abbaye de pouvoir continuer à produire des légumes en période sèche pour les sœurs, le personnel et les enfants du site. Très rapidement, des espèces d’eaux vives ont pu être observées sur ces radiers (Figure 4).

©️ ICEO_Figure 4 : Mesure d’accompagnement – restauration d’un radier grâce à la baisse de niveau dans la zone d’influence du seuil. Diversification sous forme de blocs et de matériaux de tailles variées

Un tel projet prouve que rétablissement de la continuité écologique et restauration hydromorphologique ne sont pas deux thématiques à cloisonner, lorsque c’est possible. Ici, l’intelligence collective et un contexte favorable ont permis de faire émerger un projet qui améliorera indéniablement les fonctionnalités écologiques de la zone. Les crues de l’hiver 2022-2023 ont déjà permis d’observer des débordements du bras et une mise en eau de l’annexe (Figure 3).

Stéphane Tétard,
Chef de projet en hydroécologie chez ICEO

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